18 août 2025

Vacances et proches aidants : comment souffler sans culpabiliser ?

En France, plus de 11 millions de personnes accompagnent au quotidien un proche en perte d’autonomie. Parmi elles, beaucoup vivent leur rôle d’aidant comme une responsabilité essentielle… mais aussi comme un poids difficile à porter sur la durée. Lorsque l’été approche, une question revient inlassablement : comment partir en vacances sans mettre en danger l’équilibre fragile du quotidien ?

Depuis 2016, le droit au répit des aidants est inscrit dans la loi. Une reconnaissance essentielle, qui permet aujourd’hui de mieux organiser un départ en vacances – sans culpabilité, ni mise en péril de l’accompagnement. Tour d’horizon des solutions concrètes à mobiliser pour souffler, se ressourcer et continuer à aider avec énergie.

Pourquoi les aidants ont-ils besoin de vacances ?

Accompagner un proche âgé ou dépendant, jour après jour, génère une charge physique et émotionnelle importante. Il faut parfois gérer les soins, l’administratif, les démarches médicales, l’aide au quotidien, les angoisses, les imprévus… et tout cela en parallèle d’une vie professionnelle et familiale.

Cet engagement peut conduire à de l’épuisement, de la culpabilité, de l’isolement, voire à un burn-out de l’aidant. Prendre du temps pour soi devient alors indispensable :
• pour éviter la fatigue chronique ;
• pour préserver sa santé mentale et physique ;
• pour maintenir un lien de qualité avec la personne aidée ;
• pour continuer à jouer son rôle sans s’oublier.

Partir quelques jours, c’est se donner la possibilité de revenir plus disponible, plus serein, plus solide.

Préparer son départ : la clé pour des vacances sereines

Pour que votre absence se passe bien, la première règle est simple : anticiper. Un départ de dernière minute augmente le stress, rend la logistique plus compliquée et peut fragiliser la personne aidée.

évaluer les besoins pendant votre absence

Posez-vous les bonnes questions :
• Mon proche a-t-il besoin d’une présence permanente ?
• Peut-il rester seul quelques heures dans la journée ?
• Prend-il des médicaments ou suit-il un traitement ?
• A-t-il des troubles cognitifs ?
• Est-il autonome dans sa toilette, ses repas, ses déplacements

Cela vous permettra de choisir la meilleure solution de relais.

Les solutions pour faire garder son proche pendant les vacances

1. Le relais à domicile (ou baluchonnage)

Un professionnel vient s’installer temporairement au domicile de la personne aidée. Il prend le relais pendant plusieurs jours, parfois 24h/24. Cela permet à votre proche de rester chez lui, dans ses repères habituels, tout en bénéficiant d’un accompagnement rassurant.
Idéal pour les personnes ayant des troubles cognitifs légers à modérés.

2. L’accueil temporaire en établissement

Votre proche peut être accueilli dans une structure médico-sociale pour un séjour court. Il bénéficiera d’un encadrement médical, d’activités et de contacts sociaux.
Utile si la personne a besoin d’un suivi médical ou si elle vit seule et que l’isolement la fragilise.

3. L’accueil de jour ou de nuit

Cette option permet un accueil partiel dans un établissement : demi-journée, journée entière ou uniquement la nuit.
Une bonne solution pour tester une structure avant un hébergement plus long.

4. Les villages ou maisons de répit

Des lieux spécialement conçus pour accueillir le binôme aidant-aidé. L’aidant peut se reposer, participer à des ateliers ou être suivi psychologiquement, pendant que son proche bénéficie d’un accompagnement adapté.
Un vrai moment de détente ensemble, dans un cadre pensé pour le bien-être de tous.

5. Maintien à domicile avec surveillance renforcée

Si votre proche ne souhaite pas quitter son domicile, vous pouvez organiser :
• une téléassistance ;
• des passages d’aides à domicile ;
• une garde de nuit ou itinérante ;
• une vidéo-vigilance, si elle est acceptée.

Recommandé pour les personnes attachées à leur logement mais ayant besoin d’une surveillance souple.

Et si vous partiez ensemble ? Les vacances adaptées aux aidants

Partir en vacances ne signifie pas toujours « laisser son proche ». Il existe aujourd’hui des séjours adaptés où vous pouvez partir ensemble tout en déléguant une partie de la prise en charge.

Des organismes spécialisés comme France Alzheimer, Malakoff Humanis, l’UFCV ou les Villages Répit Familles proposent des formules avec encadrement médico-social, animations adaptées et temps de repos pour l’aidant.

Comment financer son droit au répit ?

L’APA (Allocation personnalisée d’autonomie)

Si votre proche bénéficie de l’APA, une enveloppe spéciale « répit » peut être mobilisée jusqu’à 548,54 € par an pour financer un accueil temporaire, un relais à domicile ou une garde de nuit.

L’AJPA (Allocation journalière du proche aidant)

En cas de congé de proche aidant, vous pouvez recevoir une indemnité quotidienne (environ 62 € par jour, sous conditions).

Les aides complémentaires

Certaines caisses de retraite, mutuelles ou CCAS proposent des aides exceptionnelles. Le crédit d’impôt pour emploi à domicile peut alléger les coûts. Des associations locales peuvent également proposer des solutions accessibles ou gratuites.

Organiser ses vacances sans culpabilité

Beaucoup d’aidants n’osent pas partir par peur de l’abandon ou par crainte du jugement. Pourtant, prendre soin de soi, c’est aussi mieux accompagner ensuite.

Voici quelques conseils pour vivre ce moment pleinement :

• Prévenez votre proche suffisamment à l’avance, et rassurez-le.
• Faites un point de contact (personne référente, téléphone d’urgence…).
• Demandez un compte-rendu régulier aux professionnels ou aux proches mobilisés.
• Faites confiance aux équipes : elles sont formées pour prendre le relais.

Partir pour mieux revenir

Les vacances d’un aidant ne sont pas un caprice, ni un luxe : elles sont une nécessité vitale. C’est un temps pour respirer, se retrouver, souffler un peu… pour ensuite continuer à accompagner sans s’épuiser.

Grâce aux dispositifs existants, au droit au répit et aux solutions d’accueil temporaire, il est possible de s’accorder une pause, sans jamais perdre le lien avec la personne aidée.

N’hésitez pas à vous rapprocher d’une Plateforme d’accompagnement et de répit, de votre mairie ou d’une association d’aidants pour construire un projet de vacances adapté.

Votre bien-être est aussi un pilier de celui de votre proche.

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