25 août 2025

Permis de conduire après 70 ans : ce qui change pour les seniors en 2025

À partir de 2025, le paysage du permis de conduire évolue pour les seniors en France. Une réforme, portée par une proposition de loi déposée en mars 2025, prévoit l’instauration d’un contrôle médical obligatoire tous les cinq ans dès 70 ans, afin de garantir la sécurité routière tout en respectant les libertés individuelles. Une mesure qui suscite à la fois espoirs, interrogations et inquiétudes.

Entre maintien de l’autonomie, prévention des risques et enjeux psychologiques, faisons le point sur ce que cette réforme va réellement changer pour les conducteurs âgés, et comment s’y préparer au mieux.

Une réforme attendue : vers un permis de conduire à durée limitée

Aujourd’hui en France, le permis de conduire est délivré à vie, sans contrôle systématique lié à l’âge. Une spécificité qui va bientôt évoluer. Si le projet de loi est adopté, le renouvellement du permis sera conditionné à un examen médical tous les 5 ans pour les conducteurs âgés de 70 ans et plus, puis tous les 2 ans dès 75 ans.

Ce dispositif viserait à détecter d’éventuelles baisses de capacités sensorielles, cognitives ou physiques (vue, audition, réflexes…), afin d’éviter des accidents liés à un état de santé non compatible avec la conduite.

Qui sera concerné ?

Dans un premier temps, cette réforme touchera :

• Les conducteurs de 70 ans et plus ;
• Les nouveaux titulaires du permis (primo-conducteurs) qui obtiendront un permis à durée limitée ;
• Tous les automobilistes à terme, dans le cadre d’une harmonisation européenne progressive.

Un test médical, mais pas seulement

Contrairement à certaines idées reçues, il ne s’agira pas uniquement de passer un test de vue chez l’ophtalmologiste. Le bilan comprendra plusieurs volets :

• Une évaluation médicale auprès d’un médecin agréé : état général, vision, audition, coordination, réflexes.
• Une épreuve de conduite pratique (à définir selon les cas), notamment si le médecin détecte un risque ou si un signalement a été fait.
• Des restrictions éventuelles pourront être appliquées : conduite uniquement de jour, sur courte distance, ou obligation d’un véhicule automatique.

Le coût estimé : environ 50 à 80 € pour la visite médicale, et 100 à 150 € pour l’examen pratique (aucune prise en charge financière prévue à ce jour).

Une tendance déjà présente en Europe

Cette mesure n’est pas une exception française : plusieurs pays européens ont déjà adopté des règles similaires.

• Espagne : tests tous les 5 ans à partir de 65 ans.
• Portugal : contrôles dès 40 ans, avec fréquence croissante selon l’âge.
• Italie : renouvellement obligatoire du permis tous les 5 ans dès 70 ans.

L’objectif à l’échelle européenne : harmoniser les conditions de validité du permis et assurer un niveau de sécurité routière équivalent sur l’ensemble du territoire de l’UE.

Pourquoi cette réforme ?

Avec l’avancée en âge, certaines capacités utiles à la conduite peuvent décliner, même sans pathologie :

• Réduction des temps de réaction,
• Difficulté à gérer le stress ou les imprévus,
• Moins bonne coordination,
• Baisse auditive ou visuelle non compensée.

En 2023, les conducteurs de plus de 65 ans représentaient 27 % des décès routiers, pour 21 % de la population. Les plus de 75 ans, en particulier, ont un taux de mortalité proche de celui des jeunes conducteurs.

Une mesure controversée ?

La mise en place de ce dispositif soulève plusieurs débats éthiques et sociaux :

• Préserver la sécurité routière, oui… mais sans stigmatiser les seniors.
• Ne pas briser l’autonomie de personnes âgées encore valides.
• Ne pas créer un coût supplémentaire injustifié pour les retraités aux revenus modestes.

Plusieurs associations plaident pour que ces examens soient entièrement gratuits, et qu’ils soient couplés à des mesures d’accompagnement plutôt que de sanction.

Comment les seniors peuvent se préparer ?

1. Faire des bilans de santé réguliers

Même sans obligation, un suivi chez le médecin généraliste, un ophtalmologue ou un ORL permet de prévenir une inaptitude future à la conduite.

2. Suivre des formations de remise à niveau

Des associations et auto-écoles proposent des stages « conduite senior », pour :

• Actualiser les connaissances du Code de la route ;
• Améliorer les réflexes ;
• Adapter sa conduite aux limitations actuelles.

3. Adapter son véhicule

Un véhicule récent, avec des aides à la conduite (freinage automatique, alerte de franchissement de ligne, GPS vocal, caméra de recul…) peut significativement améliorer la sécurité.

4. Réduire les risques

• Éviter les trajets de nuit ou en mauvais temps ;
• Privilégier les itinéraires connus ;
• Ne pas hésiter à faire des pauses ;
• Éviter la conduite sous traitement médical affectant la vigilance.

Quels recours en cas d’inaptitude ?

Un test négatif ou une restriction n’est pas une fatalité.

• Des formations complémentaires peuvent aider à corriger certaines lacunes ;
• Des adaptations du véhicule (pédale unique, boite automatique) peuvent permettre de reprendre la conduite ;
• En cas de retrait définitif, des alternatives à la voiture existent : transports en commun adaptés, services municipaux ou associatifs pour seniors, voitures sans permis, covoiturage solidaire, taxis ou VTC à tarifs réduits (selon les communes)

Quel impact sur l’assurance auto ?

L’instauration d’un test de conduite pourrait entraîner une revalorisation des assurances seniors, notamment si des restrictions apparaissent.

À l’inverse, certains assureurs pourraient valoriser un test réussi ou une formation volontaire. Des bonus seniors pourraient voir le jour pour les conducteurs ayant suivi un programme de prévention ou ayant un véhicule bien équipé.

Conduire, mais en toute sécurité

Conduire n’est pas seulement un moyen de se déplacer : c’est aussi une forme de liberté, d’autonomie et de lien social. La réforme du permis de conduire pour les seniors ne doit pas être perçue comme une punition, mais comme une opportunité de préserver cette liberté dans de bonnes conditions.

Plutôt que de craindre cette nouvelle mesure, mieux vaut s’y préparer, en gardant à l’esprit qu’elle vise avant tout à protéger… sans exclure.

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