20 octobre 2025

Redécouvrir la joie de créer : l’art-thérapie, une source de bien-être pour les seniors

Au fil du temps, les mots ne suffisent pas toujours pour dire ce que l’on ressent. Pourtant, peindre, chanter ou modeler de l’argile peut libérer bien plus qu’on ne l’imagine. En résidence, l’art-thérapie offre aux personnes âgées un espace de liberté, d’expression et de sérénité. Bien plus qu’un loisir, c’est une véritable approche de soin qui relie le corps, les émotions et la mémoire.

L’art-thérapie, une autre manière d’exprimer ce que les mots taisent

L’art-thérapie repose sur une idée simple : créer pour se retrouver.
Il ne s’agit pas d’apprendre à peindre ou à chanter, mais d’utiliser l’acte créatif comme un langage, un moyen d’exprimer ce qui ne se dit pas toujours facilement. Le dessin, la sculpture, la danse ou la musique deviennent des supports d’émotions et de souvenirs.

Chez les personnes âgées, cette approche a une portée toute particulière. Avec l’âge, la parole peut parfois se faire rare : fatigue, troubles cognitifs, ou simplement pudeur. L’art-thérapie redonne une voix à celles et ceux qui en manquent. Dans un cadre bienveillant, chacun retrouve la possibilité de “dire sans dire”, de transformer ses émotions en gestes, en formes ou en couleurs.

Créer, c’est aussi soigner : les bienfaits multiples de l’art-thérapie

Les études sur le sujet sont claires : la pratique artistique régulière agit sur le corps et l’esprit. En résidence, elle devient une véritable alliée du bien-vieillir.

Réduire le stress et apaiser les tensions

La concentration nécessaire à la création artistique aide à calmer le mental. En se focalisant sur les couleurs, les sons ou les sensations tactiles, les personnes âgées entrent dans un état de détente proche de la méditation. Le rythme cardiaque se régule, la respiration se fait plus ample, et les pensées anxieuses s’éloignent.

Stimuler la mémoire et les capacités cognitives

Qu’il s’agisse de choisir une teinte, d’imaginer une forme ou de coordonner ses gestes, chaque activité sollicite le cerveau. Pour les résidents atteints de la maladie d’Alzheimer ou de troubles apparentés, cette stimulation douce favorise l’attention, la concentration et la réminiscence. Un simple dessin peut raviver des souvenirs enfouis, un air de musique réactiver une émotion ancienne.

Retrouver confiance en soi

Créer une œuvre, même modeste, procure un sentiment d’accomplissement. On se sent capable, utile, reconnu. Dans un contexte où la dépendance peut fragiliser l’image de soi, l’art-thérapie aide à restaurer la fierté personnelle.
Un(e) résident(e) qui expose sa toile ou partage un poème reprend sa place au sein du groupe.

Retisser du lien social

Les ateliers collectifs favorisent la convivialité. Les échanges autour d’une œuvre, les rires pendant un cours de théâtre ou les improvisations musicales renforcent les liens entre résidents. Ces moments partagés brisent l’isolement et réenchantent la vie quotidienne.

Accompagner le corps et la douleur

Modeler, découper, danser, chanter… Ces gestes font travailler la motricité fine, entretiennent la souplesse et peuvent réduire certaines douleurs chroniques. Dans les unités de soins ou en accompagnement de pathologies lourdes, l’art devient un support thérapeutique non médicamenteux précieux.

Une palette d’expressions pour tous les goûts

L’art-thérapie s’adapte à chacun : il n’existe pas une seule forme, mais une multitude de chemins créatifs possibles.

Peinture et dessin : la couleur comme langage

Face à une feuille blanche, l’imaginaire prend vie. Les pinceaux deviennent des prolongements des émotions : la douceur d’un pastel apaise, les contrastes d’une aquarelle dynamisent. Certains ateliers proposent le dessin de mandalas, une pratique simple qui favorise la concentration et la détente.

Sculpture et argile : renouer avec le toucher

Travailler la terre réveille les sensations et la motricité. Le contact direct avec la matière invite au lâcher-prise. L’argile ne juge pas : elle accepte les hésitations, se modèle au rythme des mains, et garde la trace du geste. C’est une approche très adaptée aux personnes âgées souffrant de troubles de la coordination.

Collage et photo : stimuler la mémoire affective

Composer une image à partir de photos anciennes, de coupures de journaux ou d’objets du quotidien peut faire surgir de nombreux souvenirs. Ces activités nourrissent la mémoire autobiographique et encouragent le dialogue avec les proches : “Tu te souviens de cette robe ?”, “C’était notre premier voyage !”

Théâtre, écriture et poésie : les mots retrouvés

Jouer un rôle, lire un texte, inventer une histoire… Ces formes d’expression réveillent la créativité tout en renforçant la communication. Dans certains ateliers, les participants écrivent des récits de vie ou de courts poèmes qu’ils partagent ensuite : une manière de se raconter autrement.

Musique et mouvement : renouer avec le rythme du corps

La musique stimule les zones du cerveau liées à la mémoire et aux émotions. Chanter une chanson familière ou bouger au rythme d’une mélodie favorise la bonne humeur et la coordination. La danse douce, quant à elle, aide à maintenir la mobilité tout en apportant une grande sensation de liberté.

Relaxation sonore : le pouvoir apaisant des vibrations

Les séances de “bains sonores”, avec bols tibétains ou gongs, sont de plus en plus utilisées en résidence. Les vibrations enveloppent le corps et procurent une détente profonde. Beaucoup de participants décrivent un sentiment de légèreté, voire un apaisement durable du stress.

Comment se déroule une séance d’art-thérapie ?

Une séance commence par un temps d’écoute et d’échange entre le ou la thérapeute et le participant. L’objectif : comprendre l’état émotionnel du moment et choisir ensemble le médium artistique le plus adapté.

Vient ensuite le temps de la création libre, sans consigne rigide. L’art-thérapeute accompagne le geste, soutient la démarche et encourage la personne à exprimer ce qu’elle ressent, sans se soucier du “beau” ou du “réussi”.

À la fin, un moment de partage permet à chacun(e) d’évoquer ce qu’il ou elle a ressenti, d’observer l’œuvre créée, parfois de la commenter. Ces instants de parole renforcent la confiance et la cohésion du groupe.
Chaque séance devient ainsi un espace sécurisé, où l’expression se fait sans jugement, dans un climat d’écoute et de respect.

En Maison : l’art au cœur du soin et du lien

De nombreux EHPAD intègrent aujourd’hui des ateliers d’art-thérapie à leur programme d’animation. Ces moments sont très attendus des résidents : ils permettent de rompre la routine, de créer du lien et d’entretenir le goût du beau.

Certains établissements s’associent à des artistes ou à des associations culturelles locales. D’autres ouvrent leurs ateliers à des publics extérieurs, notamment des enfants, dans le cadre de projets intergénérationnels.

Ces initiatives participent à une dynamique positive : les résidences deviennent des lieux de vie, pas seulement de soins.

Une pratique douce mais essentielle

L’art-thérapie n’est pas réservée aux artistes. Elle s’adresse à tous, quelles que soient les capacités physiques ou cognitives. Chaque geste, chaque trait, chaque note a sa valeur.
Créer, c’est exister, ressentir, se reconnecter à soi et aux autres.

Dans un monde où le grand âge est parfois associé à la perte, l’art-thérapie rappelle au contraire ce qui demeure : la capacité d’émotion, de partage et de beauté.
En résidence comme à domicile, offrir la possibilité de créer, c’est offrir un peu de liberté.

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