29 septembre 2025

Rôle renforcé en EHPAD : médecins et infirmier(e)s coordonnateur(trice)s au cœur de la qualité des soins

Depuis la publication du décret du 6 septembre 2025 au Journal Officiel, le paysage médico-social français connaît une évolution majeure. Ce texte vient clarifier et encadrer les missions des médecins coordonnateurs en EHPAD, tout en reconnaissant officiellement la fonction essentielle des infirmier(e)s coordonnateur(trice)s (IDEC). Longtemps attendue par les professionnels du secteur, cette réforme structurelle marque un tournant dans l’organisation des soins en établissements pour personnes âgées dépendantes.

Alors que les EHPAD sont confrontés à une complexité croissante des prises en charge, à des pénuries de personnel et à une demande sociale toujours plus forte, ce nouveau cadre vise à mieux répartir les responsabilités, renforcer la coordination des équipes soignantes et améliorer l’accompagnement des résidents.

Une reconnaissance juridique attendue pour les infirmier(e)s coordonnateur(trice)s

Jusqu’alors, le rôle des IDEC restait flou sur le plan légal. Ils et elles assuraient pourtant une coordination capitale des soins, en lien étroit avec les soignants, les familles et les directions d’établissement. Le décret inscrit enfin cette fonction dans le Code de l’action sociale et des familles (article D312-158-1), mettant un terme à un vide juridique longtemps décrié.

L’infirmier(e) coordonnateur(trice) devient ainsi un acteur clé reconnu dans la stratégie de soins gérontologiques. Selon le texte, il ou elle participe à la coordination de l’équipe paramédicale, veille à la qualité des soins, contribue à l’amélioration continue des pratiques et intervient dans l’élaboration du projet général de soins. Sa mission est également de collaborer étroitement avec le médecin coordonnateur, notamment dans l’évaluation du niveau de dépendance des résidents ou dans l’analyse des admissions.

C’est une reconnaissance majeure pour une profession longtemps restée dans l’ombre, alors même qu’elle agit quotidiennement comme pilier de l’organisation des soins en EHPAD.

Un rôle élargi et modernisé pour les médecins coordonnateurs

De leur côté, les médecins coordonnateurs voient leurs missions réorganisées et précisées, notamment autour de la prévention, du suivi médical et de la qualité de vie des résidents. Le décret clarifie le contenu du rapport d’activités médicales, renforce le lien avec les outils numériques et autorise, dans certaines conditions, le recours à la télécoordination.

Cette dernière disposition permet à un médecin coordonnateur, en cas d’impossibilité de présence physique, d’exercer ses missions à distance de manière temporaire. Un soulagement pour de nombreux établissements confrontés à des difficultés de recrutement, en particulier dans les zones rurales ou peu attractives pour les praticiens.

En complément, le médecin coordonnateur pourra désormais assurer un véritable suivi médical des résidents qui en font la demande, et dans certaines situations, réaliser des prescriptions médicales – une avancée importante face à la raréfaction des médecins traitants disponibles en EHPAD.

Une nouvelle dynamique collaborative entre IDEC et médecin coordonnateur

Au-delà de la clarification des rôles, ce décret instaure une dynamique de travail plus fluide et transversale. Moins de hiérarchie verticale, plus de collaboration interprofessionnelle. L’objectif est de répartir les responsabilités de manière plus efficace, au service d’une meilleure prise en charge globale du résident.

Les IDEC et médecins coordonnateurs deviennent de véritables binômes stratégiques, garants d’un parcours de soins cohérent, centré sur la personne âgée. Leur complémentarité permet une coordination fine entre soins médicaux, accompagnement quotidien et qualité de vie.

Des impacts concrets pour les équipes, les familles et les résidents

En pratique, cette réforme transforme le quotidien des EHPAD. Pour les équipes soignantes, elle offre un cadre plus lisible, avec des référents mieux identifiés. Pour les résidents, elle garantit une prise en charge plus structurée, plus réactive, mieux adaptée à leurs besoins. Et pour les familles, elle apporte un interlocuteur clair, un relais fiable capable de répondre aux interrogations et d’accompagner les décisions importantes.

La redéfinition des fonctions ne concerne pas uniquement l’organigramme : elle influe sur la qualité globale de l’accueil et des soins, avec des professionnels reconnus, mieux outillés et plus engagés dans des missions valorisées.

Des enjeux de formation et d’accompagnement à la mise en œuvre

Pour que ces changements produisent tous leurs effets, la montée en compétences des professionnels est indispensable. Des formations spécifiques seront proposées aux infirmier(e)s et médecins concernés, ainsi qu’aux directions d’établissement. Objectif : s’approprier les nouvelles missions, maîtriser les outils numériques associés (dont la télécoordination) et intégrer cette évolution dans une logique d’amélioration continue.

Des indicateurs d’évaluation devraient également être mis en place pour mesurer les impacts concrets de cette réforme : qualité des soins, satisfaction des résidents et de leurs proches, fluidité des parcours, réduction des hospitalisations évitables, etc.

Un levier d’attractivité pour le secteur des EHPAD

Dans un contexte de crise des vocations et de pénurie de soignants, cette réforme constitue aussi un levier d’attractivité pour les métiers du grand âge. Elle redonne de la lisibilité, de la reconnaissance et des perspectives à des professionnels trop souvent confrontés à la charge mentale, à la solitude décisionnelle et à un manque de moyens.

En valorisant le rôle des IDEC, en élargissant celui des médecins coordonnateurs, le texte redessine un avenir plus clair pour les EHPAD, où les soignants retrouvent du sens et de la cohérence dans leur engagement.

Une nouvelle étape pour repenser l’organisation des soins en EHPAD

Ce décret du 6 septembre 2025 est bien plus qu’une réforme administrative. C’est un signal fort envoyé au secteur médico-social : la qualité des soins en EHPAD passe par la clarté des rôles, la reconnaissance des compétences et la coopération entre les acteurs de terrain.

Les infirmier(e)s coordonnateur(trice)s ne sont plus de simples exécutants, mais des chefs d’orchestre de la coordination paramédicale. Les médecins coordonnateurs ne sont plus cantonnés à un rôle consultatif, mais deviennent des acteurs du soin à part entière, avec la possibilité d’agir directement sur le terrain — ou à distance, quand les circonstances l’imposent.

En redonnant une place centrale à ces deux professions, la réforme offre une opportunité unique de réinventer le fonctionnement des EHPAD, au bénéfice des résidents, des soignants… et de tout un système en quête d’efficacité, d’humanité et de sens.

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